Latest ideas
Pourquoi choisir une agence locale?
Le rôle clé du branding dans la marque employeur
L'essence du branding
La génération alpha
Articles
Le jargon marketing
Ah, le jargon marketing : cette poésie moderne qui habille des concepts simples avec des mots exotiques pour leur donner un parfum d’expertise. Qui aurait cru que vendre des lessives ou promouvoir des newsletters exigerait une maîtrise devenue presque shakespearienne de l’anglais et du "corporate nonsense" ? Et pourtant, nous voilà coincés dans un monde où chaque pitch déborde de synergies, d’optimisation de « low-hanging fruit » et de storytelling « data-driven ».
Mais n'est-il pas temps de se poser une vraie question essentielle : À quel moment a-t-on perdu la simplicité au profit du charabia ?
Quand « brainstorm » devient une tempête dans un verre d’eau
Il fut un temps où « réfléchir ensemble » suffisait pour évoquer l’échange d’idées. Mais c’est beaucoup moins sexy que de « brainstormer », non ? Bien que cela évoque davantage une expérience météorologique dramatique qu’une réunion autour d’un rétroprojecteur, il faut reconnaître que tout paraît plus intense — et peut-être même stratégique — avec une touche anglophone.
Mais allons au-delà. Fini les simples discussions ! Sous prétexte de créativité "out of the box", bienvenue dans l’idéation, terme fourre-tout pour tout ce qui ressemble de près ou de loin à « trouver des idées ». Tout de suite, on se sent plus productif.
« Synergies » : de rien à tout
Parlons maintenant des synergies. Mot-clé de tout bon PowerPoint, il est aussi le champion incontesté du flou artistique. Vous vous demandez ce que cela veut dire concrètement ? Moi aussi. Mais avouons que cela fait mouche dans n’importe quel contexte. Assemblez deux équipes fatiguées autour d’un projet quelconque et pouf, une « synergie » est censée émerger comme par magie. Ça sent la cohésion. Ou peut-être juste le café brûlé.
Le rêve éveillé du « data-driven storytelling »
L’un des joyaux du jargon moderne est certainement le « data-driven storytelling ». Traduction ? On raconte des histoires... en se basant sur des chiffres. Si on y réfléchit bien, c’est un peu comme transformer un tableau Excel en blockbuster Hollywoodien. Passionnant, non ? Mais derrière la promesse sophistiquée se cache souvent un PowerPoint qui vous noie sous des graphiques indéchiffrables. Comme quoi, tout ne s’écrit pas en data.
Haut les mains, ceci est un « quick Win »
Imaginez : vous proposez une solution rapide, adaptée et facile à mettre en œuvre. Simple et efficace, tout le monde vous comprend. Mais... où est le charme ? Prononcez alors ces deux mots magiques : quick win. Et voilà, votre projet devient soudain un cas d’école chez Harvard Business Review. L’évidence transformée en révolution stratégique.
La richesse lexicale cache le vide
Bien sûr, personne n’est innocent dans ce mélange de grandiloquence et de concepts flous. Il faut que ça colle au modernisme, que la dynamique de l’équipe semble futuriste. Sur un CV ? Ajoutez vos compétences en « growth hacking » ou en « business acumen ». Même si personne ne sait trop ce que ça implique précisément, ça impressionne.
Mais peut-être est-ce là le vrai problème : à force de vouloir faire sensation, on en oublie souvent le sens lui-même. L’exploit ultime du jargon marketing, c’est de donner l’impression qu’un projet banal est une révolution – ou qu’une idée déjà moisie devient soudain une innovation de pointe.
Si on revenait à la simplicité ?
Et si on faisait une pause dans ce carnaval linguistique ? Que diriez-vous de revenir à des mots simples, francs, et qui, miracle, donnent encore du sens ? Pourquoi s’obstiner à « scaler » une idée, quand il suffit simplement de l'étendre ? À courir après la « disruption », alors qu’innover suffit amplement ? Prendre du recul, c’est encore se donner la chance de ne pas être aspiré tout entier dans ce gloubi-boulga lexical.
Soyons honnêtes : le jargon marketing nous a sans doute tous permis un jour de gagner du temps (et de l’importance). Mais si les mots sont clés, il est grand temps de nous souvenir qu’ils ne doivent pas devenir des prisonniers de leur propre complexité inutile. Parce que, dans le fond, appeler un chat, un chat, ça peut fonctionner aussi.
Alors, équipe : quittons le « call » et reprenons la vraie réflexion.